Sur la route au bout de la nuit

pudeur, émotions

" - Je préfère les erreurs de mon pays qui agit à l'orgueil du tien qui pérore ! - Et moi je préfère la clarté de ma haine pour Bardamu à la perversité de ton amour pour Dean! - Si tu penses que seuls l'amour et la haine dirigent le coeur des hommes, tu n'es qu'un nain affectif et il serait temps de grandir un peu pour découvrir des sentiments aussi nuancés que l'admiration, la gratitude ou la tendresse. - Je n'ai pas besoin de citer un chapelet d'émotions pour les éprouver, on appelle ça la pudeur, un mot qu'un homme qui n'évoque son amitié pour Dean qu'à l'aide de souvenirs de vapeurs d'alcool et d'odeurs de femme ignore sans doute."

bar, bistro, pharmacie

" - Je ne vois aucun bistro. - Nous sommes devant un bistro. - On dirait une pharmacie ! - Les bars aussi changent, ils s'aseptisent comme tout le reste."

justice

"la justice n'est ni juste, ni injuste, elle est mathématique"

littérature, Zola

" Les personnages d'Emile Zola sont plus malheureux encore, ceux de Germinal m'ont dit qu'ils mangeaient une pomme de terre les jours pairs et ses épluchures les jours impairs."

" Plus aucun livre ne s'écrivait, Arthur devenait le symbole d'une foule qui réclamait l'abolition des privilèges des écrivains et l'indépendance des personnages de leurs romans. .....Le Cid, Zadig, le bourgeois gentilhomme, les précieuses ridicules, Roméo, Juliette, Gargantua, Pantagruel, Madame Bovary et Thérèse Desqueyroux, tous ont abandonné leurs histoires après des siècles de frustation. Les Trois mousquetaires transformèrent le chant initial Tous ensemble ! Tous ensemble en un Tous pour un, un pour tous ! qui rendait hommage à la marche solitaire d'Arthur. Puis les revendications se précisèrent, les personnages romanesques exigeaient le vote d'une loi qui garantirait leurs droits fondamentaux et imposerait aux auteurs le respect de ces droits. Toutes les demandes individualistes qui réclamaient d'autres répliques ou d'autres évènements dans un paragraphe ou un chapitre furent supprimées pour ne pas pertuber le message unitaire de la grande manifestation parisienne qui approchait et dont le contenu -"il était une loi"- proclamait l'urgence d'une législation. Les "romans-nichels", c'était leur surnom, défilèrent plusieurs jours dans les rues de la capitale; ils bloquèrent l'accès des librairies, des bibliothèques et de tous les lieux où les livres s'achètent, se vendent et se consultent. Privé des personnages qui racontent d'ordianire les histoires prévues dans les programmes scolaires, écoles, collèges et lycées fermèrent."